L’Europe est dans l’ADN des Girondins de Bordeaux, ou plutôt elle était dans l’ADN du club… Ces derniers temps, les participations européennes n’étaient pas systématiques et les deux dernières campagnes avaient été très mauvaises, mais ce n’est rien comparé à la déception connue hier soir ! Lamentable, le FCGB a été éliminé dès le 3ème tour préliminaire de l’Europa League, par Videoton. Une déconvenue, une honte, une humiliation, dont le tort est partagé entre les 3 composantes du club : la direction, le staff et les joueurs !
Une direction passive
« On veut du lourd » ! C’est par ces mots dans les colonnes du journal L’Équipe que le président Stéphane Martin annonçait les ambitions girondines sur ce mercato. Remettons-nous dans le contexte. A l’époque, Bordeaux est sur la piste de Javi Garcia, un joueur d’expérience et de talent pour encadrer la jeune garde du club… Évidemment, il ne viendra jamais. Alors que l’effectif devait être complet avant d’entamer l’Europe (originellement avant de partir pour le premier stage…), les Girondins se sont dépeuplés, n’en déplaise à notre président : non, Bordeaux ne s’est pas renforcé ! Remplacer un très bon gardien, par un autre très bon gardien certes, ce n’est pas se renforcer. Faire venir un milieu quasi-inconnu du championnat belge à un poste pas prioritaire ou un attaquant remplaçant à Guingamp, ce n’est pas se renforcer. Signer des joueurs déjà dans l’effectif la saison passée, ce n’est pas se renforcer. Se séparer de Nicolas Pallois, défenseur le plus régulier ces dernières années (et donc créer un manque de joueur de qualité à ce poste), ce n’est pas non plus se renforcer. Vendre Adam Ounas et Jérémy Ménez ou vouloir vendre Rolan à tout prix, ce n’est toujours pas se renforcer. Sur le banc, Bordeaux disposait la saison dernière de nombreuses solutions offensives. On se souvient de ce succès à Lille notamment, acquis avec le duo cité précédemment… Hier, qui aurait pu nous sauver ? Thomas Touré, qui n’a pas joué depuis 10 mois, ou Alexandre Mendy, qui ne s’est jamais imposé à Nice ou à Guingamp ? Soyons sérieux ! Le sérieux, c’est visiblement ce qu’il manque un peu à cette équipe dirigeante. Combien de temps perdu sur des dossiers trop compliqués pour nos ambitions limitées ? Arana et Javi Garcia ne sont jamais venus après avoir passé deux mois sur leurs cas, pas plus que Ferland Mendy ou Marçal, qui ont préféré être en concurrence à Lyon plutôt qu’en poste à Bordeaux ! Résultat, on se présente en Europe avec un latéral droit qui joue à gauche, car nos 3 latéraux spécialistes du poste n’ont pas le niveau… Le 6 tant attendu n’est toujours pas là, et même s’il arrive maintenant (et ce ne sera pas Nampalys Mendy qui privilégiait Bordeaux pour jouer l’Europe…), on a presque envie de dire à quoi bon ? Après la « surprise » de la visite médicale de Wellington Silva, rien à l’horizon pour renforcer nos ailes et on ne parle même pas du poste d’avant-centre ou pas la moindre piste n’a été évoquée, à un poste qui semble pourtant crucial… En revanche, la direction est plus à l’aise pour vendre des éléments, notamment les plus prometteurs, pour une bouchée de pain. Frédéric Guilbert aurait-il fait tâche hier, au milieu des caravanes de Lewczuk et Toulalan ? Pour Enzo Crivelli qui voulait partir, difficile de le retenir, mais le vendre très rapidement à un prix d’ami (2 fois inférieur à Lois Diony, 3 fois à Steve Mounié entre autres) à un autre club de Ligue 1 était-il obligatoire ? Tout comme la fâcheuse tendance de notre président à prendre ses supporters pour des idiots, comme lorsqu’il déclare vouloir « terminer premier du championnat des moins riches » (quelle ambition !), tout en n’omettant pas de préciser que ces mêmes supporters auraient préféré Jocelyn Gourvennec à Marcelo Bielsa ou encore Claudio Ranieri »…
Jocelyn Gourvennec gâche son travail
Nous sommes tous d’accord pour dire que Jocelyn Gourvennec a réalisé un excellent début d’année 2017 sur le banc bordelais. Avec son nouveau système en 4-3-3, l’arrivée de Sankharé et plusieurs rencontres références, il a amené Bordeaux à un niveau plus conforme à nos attentes. Ses choix personnels sont en revanche plus que discutables depuis le mois de mai dernier. On ne reviendra pas sur l’épisode Carrasso, même si l’envie ne nous manque pas… Son erreur numéro 1 sur ces dernières semaines est évidemment d’avoir reculé Toulalan en défense centrale. Avec ce repositionnement, il a mis à la porte Nicolas Pallois, certes pas le plus beau dans la relance et pas toujours très fin, mais dont la pointe de vitesse contraste clairement avec la lenteur de la charnière centrale d’hier. En plus de se mettre une épine du pied en bricolant une défense à petite vitesse, le Breton a complètement déséquilibré son milieu de terrain. Toulalan en 6 apportait une sécurité et permettait à Vada ou Sankharé de plus se projeter. Hier, les 3 de l’entre-jeu étaient perdus. Titulaire au milieu, Jaroslav Plasil n’a rien apporté du tout ! Evidemment, le constat aurait été différent si un vrai récupérateur s’��tait engagé avec les Girondins cet été ! Au niveau du recrutement, Jocelyn Gourvennec nous a également fait venir Alexandre Mendy ! « Confiance en Gourvennec » pouvait-on lire (et peut-on continuer de lire) suite à l’arrivée de ce joueur… Soit, mais la confiance a des limites, comme le jeu de l’ancien Guingampais très limité. C’était hier la seule solution de rechange, puisque comme depuis le début de saison, Diego Rolan n’était pas convoqué. Sur le départ, l’Uruguayen n’aurait pas la tête à Bordeaux selon notre entraîneur…. Parce que les autres joueurs qui étaient sur le terrain hier l’avaient ? Certes, Jocelyn Gourvennec n’a pas été aidé par sa direction, ni par les circonstances du match, mais si Bordeaux est sorti lamentablement par Videoton, il est en (grande) partie responsable de cet échec. La composition d’hier est significative : pourquoi avoir mis Milan Gajic à gauche ? Faire rentrer Diego Contento pour combler le trou laissé à gauche par ce même Gajic après l’expulsion de Sabaly n’était évidemment pas la meilleure idée du monde, surtout après avoir vu sa prestation au match aller. Pourquoi ne pas avoir laissé sa chance à Pellenard ? De même, la titularisation de Plasil à la place d’Arambarri est difficilement compréhensible. Il est possible d’invoquer l’expérience pour justifier ce choix, mais vu ses récentes prestations, il était encore une fois possible de se douter que cela ne marcherait pas ! Pour le match aller, apporter du sang frais avant et effectuer les 3 changements auraient peut-être permis de faire le break et de nous éviter une telle situation avant le retour, mais bon on ne peut pas réécrire l’histoire… Il a mis des mois à construire un château de cartes et a lui même soufflé dessus pour le faire tomber…
Des joueurs pas au niveau
On pourra refaire 36 fois cette double confrontation dans nos têtes, cela ne changera rien, Bordeaux est éliminé de la Ligue Europa ! Comment la défense a-t-elle pu être aussi fébrile et naïve sur chaque accélération adverse, sur chaque coup de pied arrêté ? C’est incompréhensible, surtout après avoir été prévenus ! Youssouf Sabaly, si souvent brillant, a hier été dépassé, se faisant expulser aussi bêtement que logiquement. Certes dépassé par la vitesse adverse, Jérémy Toulalan n’a même pas fait parler son expérience ou son sens de l’anticipation pour compenser ses carences. A côté de lui, Igor Lewczuk a fait peine à voir, étant un véritable jouet pour les attaquants hongrois. Que ce soit Milan Gajic ou Diego Contento, difficile de peser offensivement avec une qualité de centres qui tend vers moins l’infini ! Brillant à l’aller, Younousse Sankharé a plongé hier, une sorte de natation synchronisée avec Valentin Vada, et surtout Jaroslav Plasil. Le trio de devant, cette fameuse KLM que tout le monde nous envie (ou pas), a démontré toutes ses limites. Si talentueux soit-il, Malcom ne peut pas tout faire, et a même parfois voulu trop en faire. Le constat est le même pour François Kamano, beaucoup trop brouillon. Volontaire mais beaucoup trop maladroit, Gaëtan Laborde a mangé au moins 2 buts sur ce tour préliminaire, et à ce niveau cela ne pardonne pas ! Comme évoqué plus haut, sans AUCUNE profondeur de banc, il est difficile de changer la face d’un match quand on est en difficulté. Et pour contrebalancer ça, même le Zorro de Jocelyn Gourvennec Alexandre Mendy n’a rien pu faire ! Hier, les joueurs ont été en dessous de tout : dans l’engagement, dans l’envie, dans la technique… Mais c’est sans doute à l’aller que la qualification s’est jouée. Avec beaucoup d’occasions, Bordeaux aurait dû marquer au minimum 3 ou 4 buts et non pas se contenter d’un court avantage. Cela n’a pas empêché les joueurs de venir faire un clapping devant le Virage Sud, comme si ce score de 2-1 était une réussite ! Une semaine après, on a l’air bien bêtes et surtout bien tristes, mais cela commence à devenir une habitude à Bordeaux…
Certains supporters n’étaient pas inquiets avant cette saison, se sentaient même en confiance, évoquant un mercato cohérent : on en voit aujourd’hui le résultat. Le but n’est pas de donner des leçons ou de critiquer gratuitement, mais plutôt de faire avancer les choses. C’est aussi le rôle d’un supporter que de pointer du doigt les problèmes qu’il peut exister au sein du club, au lieu de le supporter aveuglément : si une critique est posée, ce n’est pas par volonté de dévaloriser mais plutôt d’améliorer, tout simplement parce que nous sommes amoureux de notre club, quoi qu’il arrive. Mais malheureusement dans ce club, rien n’avance ! Pendant que Neymar arrive, que McCourt et Lopez investissent, que Lyon attire toutes nos pistes et s’attache des joueurs prometteurs, que Ruello pose 18 millions d’euros sur Sarr, que Ranieri débarque, qu’une équipe ambitieuse tape l’Ajax, nous devenons la risée du football français ! Pire que ça encore, nous suscitons plus d’indifférence que des moqueries, signe que notre absence d’ambition manifeste n’intéresse plus grand monde, en cohérence avec l’apathie générale qui règne… Est-ce vraiment la place que doit occuper Bordeaux, le « mythique » FCGB , que de rentrer ainsi dans le rang ? Réagissez !