Gillot : « je n’ai pas été surpris »
«Francis Gillot, vous restez sur deux victoires et un nul. Bordeaux va mieux depuis trois journées.
On est bien depuis un peu plus longtemps. On a eu un couac à Dijon, mais depuis six-sept matches, c’est quand même beaucoup mieux. J’ai retrouvé un groupe avec des joueurs qui ont envie de se battre les uns pour les autres. Ça me plaît bien. On sent qu’on a passé un cap tous ensemble. Il va falloir être attentif à ce qui se passe lors des deux prochains matches. Ce serait dommage de ne pas confirmer.
La rencontre de dimanche face à Sochaux est-elle un tournant ?
Oui. Il ne faut jurer de rien, mais si on prend les trois points, on pourra définitivement regarder vers l’avant. C’est un match super important qui peut nous permettre de laisser beaucoup d’équipes à six ou sept points. Après, on aura le temps de voir venir… En revanche, ce sera compliqué de revenir sur les six-sept premiers. Ils ont vraiment de l’avance et un effectif bien plus complet que le nôtre.
Personnellement, que vous inspirent ces retrouvailles ?
J’ai eu une bande de jeunes qui a fait un truc extraordinaire. Je suis content de les retrouver, mais la page est tournée. A un moment donné, il y a des choix à faire, et il ne faut pas les regretter. C’est ce que j’ai fait… Quand je pars de Lens ou de Sochaux alors qu’on est européen, ça peut paraître brutal, mais en fait, c’est quand même mûrement réfléchi.
Jean-Louis Triaud nous confiait il y a quinze jours qu’il vous plaignait parfois, que vous ne vous attendiez certainement pas à connaître autant de difficultés en rejoignant Bordeaux cet été…
Non, je n’ai pas été surpris. Quand j’ai vu l’effectif avec les départs des uns et des autres, j’ai pensé que ça allait être compliqué. Peut-être pas au point d’être relégable à un moment donné, mais c’était la photo d’un instant. Je savais qu’avec le travail, ça irait mieux. Et puis je suis habitué à ces situations-là. Avec Sochaux, on a quand même galéré trois ans. Je sais ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. A partir du moment où on a l’adhésion des joueurs, il y a toujours moyen d’améliorer les choses.
Vous ne vous êtes jamais dit : «Qu’est -ce que je suis venu faire ici» ?
Non, jamais. Quand j’ai repris Lens en janvier 2005, le club était très mal, on m’avait nommé pour sauver le club de la L2. A Sochaux, c’était pareil. Apparemment, les gens me prennent pour ça. C’est même ma marque de fabrique : prendre des clubs un peu en difficulté et faire le maximum pour redresser la situation.
Pour relancer Bordeaux, vous avez fait des vrais choix d’entraîneur : relancer Bellion, mettre Ciani sur le banc…
Ce qu’il faut, c’est que ceux qui sont sur le banc entrent avec l’esprit de continuer le travail de ceux qui sortent. En ce qui concerne Ciani, je suis vraiment déçu pour lui parce que c’est un bon mec, très professionnel, très concerné par le club… Je suis un peu embêté avec ça, mais il y a des choix à faire. Cela dit, il travaille tellement bien à l’entraînement qu’à un moment donné, il va refaire surface. Chez nous ou ailleurs.
Le mercato arrive bientôt, vous souhaitez recruter un joueur par ligne… Le renouveau des Girondins passera-t-il aussi par là?
Ce ne sont pas un ou deux joueurs qui vont faire la différence, d’autant qu’on va en perdre d’autres qui vont partir à la CAN. Il faut deux ou trois intersaisons pour transformer une équipe. Ça ne se fait pas du jour au lendemain.
Avez-vous une vision à long terme avec les Girondins ?
Dans ce métier, il ne faut pas voir trop loin. J’ai un contrat de deux ans. Je me suis donné une année pour remettre un peu les choses à niveau. L’année prochaine, on verra comment ça va se passer, mais je ne vois pas plus loin. Quand j’ai signé à Lens, je pensais rester plus longtemps et je suis parti… Il me restait un an de contrat à Sochaux, et je suis parti aussi… Je ne fonctionne pas au jour le jour, mais une vision à trois-six mois, c’est déjà bien.
Vous réclamez du temps, mais vous ne voyez pas au-delà de vos deux ans de contrat. N’y a-t-il pas un paradoxe ?
Je n’ai voulu signer que deux ans pour diverses raisons. Mais si ça marche bien, j’espère que le club me fera resigner. Sinon, on se séparera à l’amiable sans indemnité. Je n’aime pas avoir une année de contrat alors que le club ne te veut plus forcément.
L’Equipe.fr