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Claude BEZ, un sacré bonhomme !

D’abord félicitations à Thibaut Desjardins et Pascal Barbaroux pour cette initiative qui permet de rappeler à tous cette époque où le Club des Girondins de Bordeaux dirigé par un président atypique, dominait le football français et européen. Il fallait bien un jour ou l’autre lui rendre hommage !

Pour ceux qui ont connu cette période, c’est toujours avec un pincement au cœur que celle-ci revient dans notre mémoire. Et puis on a tellement dit de choses sur C.BEZ et en particulier beaucoup de mauvaises, qu’il semble nécessaire de restaurer cette image qui demeure toujours négative. Personnellement, ne retenir que les choses négatives, c’est injuste et malhonnête.

Claude Bez est arrivé à la présidence du club dont il était le trésorier en 1978. Il y restera jusqu’en 1991 soit quand même 13 ans. De cette période, quand on parle de C.BEZ, on ne met qu’en exergue ses démêlés avec la justice dans les années 90, son caractère excessif dans ses rapports avec la presse, son franc parler, mais est-ce un si mauvais personnage, pour que nous l’oublions complètement ?  Et de nombreux  joueurs et pas n’importe lesquels sont devenus des cadres du club ou des proches collaborateurs depuis cette époque !

C.BEZ, quand il est rentré dans son poste de président des Girondins, dirigeait il faut se le rappeler un cabinet d’expert-comptable. Cet homme qui avait apparemment très bien réussi professionnellement, n’avait certainement pas besoin de se remettre à flot, ou de faire fortune en prenant la direction des Girondins.

A l’époque, ce club, tenait dans le championnat de France une place honorable comme Lyon, Marseille, Nantes…Et puis il y avait aussi ce fameux club de St-Etienne qui avec ces campagnes en Coupe des Clubs Champions avait pris une envergure nationale et européenne. La France était devenue verte et ce club faisait trembler les grands d’Europe alors que dans la même période le football français par ses résultats médiocres était très en dessous d’un pays comme la France.

En prenant la direction du FCGB, C.BEZ, s’était donné le même objectif ; faire de Bordeaux un grand club. Comme à St-Etienne le club de BDX bénéficiera de l’appui de la mairie de Bordeaux.

A Bordeaux c’est « Chaban » qui est le maire. De plus, homme politique de premier ordre et grande figure du gaullisme. Tour à tour Premier ministre, ministre, Président de l’Assemblée Nationale, député…Et Chaban, il faut le souligner est un sportif dans l’âme. Excellent tennisman et ancien 3/4 aile de rugby il escalade les escaliers de l’ Elysée toujours au pas de course ! Chaban, fin politicien voit très bien l’intérêt qu’il peut retirer de faire des Girondins avec C.BEZ  un grand club. Mais aussi pour ces deux personnes c’est une passion partagée. Et les passions deviennent parfois déraisonnables.

Il y a aussi un second point à souligner. Dans les années 70 80, les finances des clubs sont principalement tributaires des municipalités. C’est le tout début du sponsoring moderne. Quant aux droits télé ils sont inexistants. C.BEZ  le sait très bien. Si l’on veut faire une grande équipe à BDX il faut de l’argent. La ville donne mais il faut d’autres revenus. La position de C.Bez sera intransigeante. Il interdira l’accès au stade des caméras télés d’Antenne 2 sans accord sur des droits de retransmission. Cette affaire fera grand bruit et il va essuyer les plâtres. Dans ce domaine-là, il fût un précurseur. Maintenant les droits télés sont devenus incontournables et s’ils le sont devenus, c’est certainement aussi grâce à C.Bez qui avait anticipé la mutation du financement du football.

De plus au stade se déroulaient des matchs historiques et BDX accumulait les titres !

Sous la direction de Claude Bez dans l’équipe dirigeante, d’Aimé Jacquet sur la touche et d’Alain Giresse sur le terrain, les Marine et Blancs allaient se construire un fabuleux palmarès. Cette domination se traduisit par trois titres de Champion de France (1984, 85, 87), deux victoires en Coupe de France contre Marseille en 1986 (2-1 après prolongation) et en 1987 (2-0) et une participation sans discontinuer aux Coupes européennes de 1982 à 1989. Avec, comme sommets, deux accessions en demi-finales. D’abord en 1985 en Coupe des Champions où la Juventus de Platini, victorieuse chez elle (3-0) frôla l’élimination à Bordeaux où les Girondins l’emportèrent par 2 buts à 0. Ensuite en 1987, en Coupe des Coupes où Bordeaux s’imposa sur le terrain du Locomotiv de Leipzig au match retour, mais  fut éliminé après la dramatique séance de tirs au but.

Ses démêlées notoires avec Bernard Tapie qui ont tenu la France en haleine. L’affaire de la Cadillac. Inoubliable tout cela. Rien à voir avec cette agitation médiatique artificielle de maintenant !

Qui dit mieux !

Et l’achat du château du Haillan. Si aujourd’hui le centre d’entrainement est ce qu’il est, le grand mérite lui revient.

Bien entendu, tout n’a pas été parfait loin de là. La rupture avec Giresse et A.Jacquet. Les conflits avec la presse et les médias  audiovisuels. Son attitude maladroite l’a beaucoup desservi. Il n’avait pas eu la chance d’avoir fait « sciences po ».

De plus, se sont greffés en fin de présidence ces affaires financières qui n’ont jamais semble-il été totalement éclaircies ! C.Bez a toujours eu le soutien de Chaban. La ville se portait caution de ses emprunts. Fort de ces soutiens il est allé au-delà des possibilités du club. Sa passion pour ce club devenue démesurée lui a fait perdre la réalité des choses. Les finances du club ont laissé un déficit très important (38 millions d’euros d’après Sud-Ouest). Réparties sur 13 ans cela fait 3 millions d’euros par an, le prix moyen d’un joueur de L1. Et divisé par le nombre de spectateurs pendant ces années de rêve cela ne doit pas faire une ardoise exceptionnelle. Durant cette période on n’ a jamais entendu en mal quoique ce soit de la part des joueurs, du staff, des arbitres, de la FFF… sur  C.BEZ.

Oui Claude BEZ pendant tout le temps qu’il est resté au club, il l’a aimé, il l’a porté, il l’a fait rayonner, il l’a embelli. Il lui a  communiqué toute son énergie et son temps sacrifiant certainement sa famille. Il s’est donné sans partage ; c’est cela sa faute. Il avait attrapé le virus du football pas celui de l’argent.

Si l’on examine le football actuel, que ne pourrait-on pas dire ? Combien de grands clubs que tout le monde admire seraient en faillite si les banques les lâchaient ? Combien de clubs vivent du financement de ressources naturelles privatisées de certains pays ? Combien de clubs vivent d’un argent dont on ne sait pas trop la provenance vu la complexité des circuits financiers. Et ce n’est pas fini. Les sommes folles mises en jeu pour l’achat d’un joueur par des gens qui considèrent le football comme un produit ou un label dans une économie en crise !

La ville de Bordeaux a remboursé les dettes et que je sache les contribuables dont je faisais partie n’ont pas été ruinés.

Merci Monsieur Claude BEZ, il est temps de vous rendre justice. Vous nous avez fait vivre de grands moments de football pendant des années et ce n’est pas quantifiable en euros. Il serait aussi temps que l’on vous pardonne vos excès et que l’on vous réhabilite. Les plaies d’argent ne sont pas mortelles.

JC

 

 

 

 

 

 


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