Ciani se confie
Dans un entretien accordé à Frédéric Laharie pour le quotidien Sud Ouest, Michaël Ciani se confie. Il est sous contrat jusqu’en 2013.
Comment vivez-vous le fait de ne plus être titulaire ?
Ce n’est jamais plaisant de ne pas jouer, surtout quand on n’y est pas habitué. Mais on prend son mal en patience, on regarde l’équipe faire de bonnes prestations. On se réjouit au moins de ça.
La semaine d’entraînement est-elle différente quand on est sur le banc le week-end ?
Psychologiquement, oui. Même si on s’entraîne toujours de la même manière, il y a forcément une partie des joueurs qui est plus concernée que l’autre. Surtout quand l’équipe tourne bien, n’a pas perdu depuis trois matches sans prendre de but. C’est bien pour le groupe mais elle ne change pas.
On n’accepte jamais d’être remplaçant…
On a toujours envie d’être sur le terrain. Un gars, sur le banc, qui n’a pas envie de jouer, doit arrêter le football. J’ai souvent été titulaire à Bordeaux, j’ai encore envie de l’être. Là, je suis un peu dégoûté mais j’ai envie de montrer au coach que je suis encore là. Et ça passe par le travail.
Avez-vous compris votre mise à l’écart ?
Ça commence quand je suis suspendu à Ajaccio. Ils gagnent (2-0) et je me retrouve sur le banc contre Paris (1-1). C’est le choix du coach, on n’a pas à être d’accord ou pas. Derrière, sur le banc à Dijon (0-2) où je rentre et on prend deux buts. Puis encore enlevé de l’équipe (contre Caen, Nancy et à Marseille)…
Pour parler clairement, avez-vous eu l’impression d’être le bouc émissaire de la défaite à Dijon ?
Oui, exactement. J’ai joué de malchance : je suis suspendu au moment où ils gagnent et on prend deux buts au moment où je rentre. J’ai ma responsabilité mais je crois que c’est aussi celle de tout un groupe, un collectif. Après, ce qui conforte les choix du coach et le bien de l’équipe, c’est qu’ils ne prennent pas de but, et c’est une bonne chose ! Mais je subis forcément les résultats du groupe.
Quand Francis Gillot a dit que « cela serait difficile pour Michaël Ciani pour la suite de la saison », comment l’avez-vous pris ?
Il ne m’aide pas en disant des choses comme ça. C’est difficile à entendre, parce qu’on doit au moins avoir l’espoir de se battre pour quelque chose. (Silence) Mais bon, j’ai vécu des choses beaucoup plus difficiles dans ma vie… Je ne vais pas m’arrêter de jouer parce que le coach a dit que ce serait difficile pour moi.
Vous vous êtes expliqués ?
Non. Ce n’est pas à moi d’aller le voir. Je ne suis jamais allé frapper à la porte de son bureau. Je suis là, je travaille.
D’un autre côté, malgré des jugements parfois un peu durs, avec Francis Gillot, tout le monde peut retrouver sa chance, non ?
C’est vrai. Je suis aussi conscient qu’il dit ça parce qu’il connaît mes qualités et qu’il sait que je suis capable de rebondir. Je suis persuadé que ma chance reviendra un jour.
Par rapport à vos débuts à Bordeaux, vous semblez manquer de confiance aujourd’hui. Comme si vous vous étiez laissé entraîner par les mauvais résultats de l’équipe.
Oui. C’est à l’image du groupe. On s’est beaucoup reposé sur la solidité défensive en espérant ne pas prendre de but quand on n’en mettait pas. Dans ces cas-là, on est en danger. C’était beaucoup arrivé ces derniers temps : il suffisait d’une erreur pour encaisser un but, et on n’arrivait pas à marquer. Alors, la défense est pointée du doigt, surtout les défenseurs centraux. Et comme j’ai souvent joué, en changeant tout le temps de partenaire en charnière, j’étais le plus impliqué.
Fonctionnez-vous plus que d’autres à la confiance, au regard que l’on porte sur vous ?
Aujourd’hui, oui, plus que d’habitude. Heureusement, l’équipe revient bien. Son meilleur visage, c’est la défense, quand tous se battent les uns pour les autres. Chaque individualité en profite.
Vous espérez vous nourrir de cette confiance le jour où vous reviendrez dans l’équipe ?
Forcément. Quand les attaquants et les milieux font le travail, les défenseurs ramassent les miettes. C’est tout un état d’esprit qui change. Derrière, si on sait qu’on peut marquer à tout moment, on ne réagira pas comme ces derniers temps, à baisser la tête dès qu’on encaisse un but. À mon arrivé à Bordeaux, quand on en prenait un, on savait qu’on en mettrait trois…
Yoan Gouffran est venu fêter son but contre Paris en se jetant dans vos bras devant le banc. Cela vous a touché ?
C’était bien de sa part. C’était un message de soutien, du style : « Tu n’es pas sur le terrain mais on pense à toi ». Lui-même est passé par des moments difficiles à Bordeaux, je suis content pour lui.