Depuis trois semaines, Jaroslav Plasil (35 ans) a perdu sa place de titulaire indiscutable au profit de la recrue Younousse Sankharé. Le milieu de terrain tchèque n’a joué « que » 118 minutes sur 270 possibles sur les trois dernières rencontres. Un temps de jeu plus limité, qui laisse place à l’interrogation suivante : doit-on prolonger le capitaine des Girondins ?

ActuGirondins vous propose un bilan statistique exhaustif pour montrer l’impact précis de Jaroslav Plasil, dans le jeu, cette saison. En le comparant, ensuite, à celui des années précédentes.

Un temps de jeu conséquent

Son temps de jeu s’est réduit sur les dernières rencontres, en effet. Si l’on prend un nombre de minutes maximal par saison, un joueur peut jouer 3420 minutes. Une saison complète de championnat, sans être remplacé, blessé ou suspendu. À l’heure actuelle, étant donné qu’il n’y a eu que 27 journées (2430 minutes), Plasil a participé à 83,8% du jeu (2038 minutes).
Un total qui le place en deuxième position des joueurs les plus utilisés par Jocelyn Gourvennec.

Graphique du nombre de minutes jouées cette saison en Ligue 1 à Bordeaux

Souvent titularisé (23 fois), le tchèque a donc eu toute la latitude du temps pour s’affirmer au milieu. D’ailleurs, son temps de jeu est (déjà) équivalent à celui de la saison passée. Comme le montre le graphique ci-dessous, Plasil est parti pour être très présent sur le terrain.

Graphique du nombre de minutes moyennes/saison de Jaroslav Plasil en fonction des minutes et des matchs joués sur ses cinq dernières saisons à Bordeaux

Il faut constater la perte de poids du milieu de terrain depuis la saison 2014-2015. Sous la première année Sagnol, Jaroslav a joué 34 matchs de Ligue 1, pour 2815 minutes. En somme, le capitaine bordelais a joué 82,3% de la saison. Ce total a nettement baissé lors de l’exercice suivant, comme nous pouvons le constater. Un pourcentage qui passe de 82,3% à 75,4%. En jouant moins (de 33 journées à 27), son temps de jeu a chuté. De 2815 minutes en 14-15 à 2193 minutes en 15-16, soit 622 minutes de moins…

Le coup de fatigue actuel peut s’expliquer sous deux raisons : son âge, bien entendu, mais également l’Euro 2016. Il n’a pas passé la phase de poules avec son pays mais son système de récupération a été quelque peu tronqué. Il subit peut-être les effets d’une préparation physique estivale décalée. En tirant sur la corde dès le début d’exercice, il pâtit aujourd’hui d’un manque de jus, qui expliquerait son manque de projection vers l’avant.

Un impact moindre dans la construction…

Cette saison, le capitaine bordelais a parfois donné l’impression de ralentir la construction du jeu. Surtout que l’arrivée de Sankharé a donné un apport important dans la verticalité du jeu. En effet, Plasil n’a, à Bordeaux, jamais autant joué dans sa moitié de terrain. Voici la balance (passes dans son camp/camp adverse) qui explique cet argument :

Saison 2014-2015 : 39,5% dans son camp, 60,5% dans le camp adverse
Saison 2015-2016 : 34,5% dans son camp, 65,5% dans le camp adverse
Saison 2016-2017 : 42,5% dans son camp, 57,5% dans le camp adverse

Un manque de projection qui pourrait rimer avec une plus grande sagesse dans la passe. Malheureusement, Plasil n’a jamais été aussi peu précis dans l’exercice.

Tableau des différents % de passes de Jaroslav Plasil sur ses trois dernières saisons à Bordeaux

Plusieurs enseignements à tirer quant à cet enjeu de la construction des phases offensives. Jaroslav a, d’ores et déjà, fait plus de passes dans son camp que lors de toute la saison dernière (en ayant joué 165 minutes de moins). Pour un taux de réussite qui baisse de près de 5%. Pas dramatique, me direz-vous.

Mais comme vous pouvez le constater dans cette colonne de droite, tous les pourcentages sont en baisse, et tous d’environ 5%.
A titre de comparaison, Valentin Vada a les statistiques suivantes : 90,8% de réussite dans sa moitié de terrain, 79,6% dans la partie adverse, 72,9% dans le dernier tiers. Soit, toujours plus précis dans n’importe quelle zone.

… et dans la finition des actions

Un autre enjeu à retenir dans ce tableau, c’est le nombre de passes dans les 30 derniers mètres. Pour rappel, Jaroslav Plasil n’a joué que 165 minutes de moins (à l’heure actuelle) que la saison passée. Et, le nombre est éloquent : 402 passes dans le dernier tiers du terrain l’an passé contre seulement 269 cette saison. Ce qui donne le pourcentage suivant : 26,4% de ses passes se font dans cette zone, contre 32,9% l’an passé.

D’un point de vue des frappes au but, la stat’ est plutôt logique, en baisse constante depuis son énorme saison 2011-2012 :

Saison 11-12 : 15 tirs cadrés sur 50 tentatives : 30%
Saison 12-13 : 8 tirs cadrés sur 31 tentatives : 25,8%
Saison 14-15 : 2 tirs cadrés sur 25 tentatives : 8%
Saison 15-16 : 8 tirs cadrés sur 19 tentatives : 42,1%
Saison 16-17 : 5 tirs cadrés sur 20 tentatives25%

Le tchèque a un abattage moindre au milieu qui se voit avec notre oeil de spectateur mais également avec l’oeil statistique. Il n’en demeure pas moins que si l’on regarde les chiffres les plus suivis, ceux des buts et des passes décisives, il a une certaine stabilité.

Des statistiques décisives inchangées

En effet, Plasil est dans ses standards statistiques sur ce domaine. Les buts et les passes décisives. Le graphique suivant montre cette constance.

Graphique du % d’actions décisives de Jaroslav Plasil sur ses cinq dernières saisons à Bordeaux

Il est même dans sa saison la plus prolifique depuis 2011-2012, où il avait marqué 3 buts et délivré 5 passes décisives. Aujourd’hui, le milieu de terrain a inscrit un but (à Caen) et donné trois caviars (contre Dijon, Nancy et à Toulouse).

Il est même l’homme le plus altruiste de l’effectif, en terme d’actions décisives. Certes, il est à égalité avec Laborde, Sankharé et Youssouf Sabaly.

Graphique de la répartition des passes décisives dans l’effectif bordelais

Grâce à cette banque de données statistique, nous pouvons voir que l’équation est compliquée pour connaître la réponse à cette problématique : doit-on prolonger Jaroslav Plasil ?
Son impact dans la construction n’est plus le même, preuve à l’appui. Seulement 36,7% de ses passes se font vers l’avant, contre 47,4% sur les côtés (23,3% à gauche, 24,1% à droite). Dans un jeu bordelais à la recherche de la verticalité, qui se veut offensif et tourné vers la rapidité d’exécution, avoir un milieu de terrain qui n’est pas assez dans cette philosophie peut poser des questions.

D’un autre côté, sur les statistiques de base, le tchèque répond présent, autant qu’avant. Le débat est ouvert, donnez-nous votre avis dans les commentaires.

La rédaction AG